Il y a toujours un moment où la question finit par s’imposer : comment est calculée une rente viagère ?
Souvent, c’est autour d’une table de cuisine, un soir d’hiver, quand on commence à regarder ses finances avec un peu plus de sérieux.
« Si je mets 300 000 francs dans une rente viagère, combien vais-je vraiment toucher chaque mois ? »
La réponse paraît simple. En réalité, elle ne l’est pas.
C’est même l’une des raisons pour lesquelles beaucoup de Suisses renoncent à demander une offre : ils ont l’impression qu’ils n’y comprendront rien. Pourtant, c’est loin d’être inaccessible dès lors qu’on décode les mécanismes utilisés par les assureurs.
Dans cet article, je vous explique comment une rente viagère est réellement calculée en Suisse, ce qui a changé au 1er janvier 2025, et je vous donne des exemples chiffrés crédibles, basés sur les pratiques du marché.
Les bases du calcul : ce que les assureurs regardent vraiment
Pour comprendre une rente viagère, imaginez que vous confiez un capital à un assureur. En échange, il s’engage à vous verser un revenu mensuel… jusqu’à votre décès.
Ce qui veut dire une chose très simple : plus l’assureur pense devoir vous payer longtemps, plus la rente sera faible.
Concrètement, plusieurs paramètres entrent en jeu.
1. Votre âge
C’est le facteur qui influence le plus le montant.
À 65 ans, l’assureur estime devoir vous verser une rente pendant près de deux décennies.
À 70 ans, beaucoup moins.
Résultat : la rente est plus élevée quand on commence plus tard.
2. Le capital investi
C’est l’élément le plus intuitif. 300 000 francs donnent forcément une rente plus élevée que 200 000 francs. Mais la proportion n’est pas toujours linéaire, car tout dépend aussi du reste.
3. Le taux technique
C’est le taux d’intérêt anticipé par l’assureur sur la durée du contrat. En 2025, il est bas : 1 à 1.25 pourcent selon les compagnies.
Plus ce taux est élevé, plus votre rente grimpe.
4. Les tables de mortalité
Elles indiquent combien de temps, statistiquement, un homme ou une femme d’un certain âge va vivre.
En 2025, les assureurs utilisent des tables basées sur les nouvelles hypothèses LPP : elles montrent que la population suisse vit plus longtemps qu’avant.
Conclusion : les rentes sont un peu plus basses qu’il y a quelques années.
5. Les options choisies
C’est ici que beaucoup de gens tombent dans le piège : plus vous ajoutez de protections, plus votre rente baisse.
Par exemple :
• une garantie 10 ans
• une réversion au conjoint
• une restitution du capital en cas de décès précoce
Ce sont d’excellentes sécurités pour protéger vos proches, mais elles réduisent mécaniquement le montant mensuel.
Ce qui a changé au 1er janvier 2025 : la fiscalité des rentes viagères
Oui, il y a eu une modification importante. La fiscalité de la rente viagère n’a pas été bouleversée, mais les parts imposables ont été ajustées.
Voici le barème fiscal applicable en 2025 pour la plupart des cantons suisses :
Part de la rente imposée selon l’âge lors du début des versements :
60 ans → 28 pourcent
65 ans → 24 pourcent
70 ans → 22 pourcent
75 ans → 20 pourcent
Autrement dit, si vous commencez votre rente à 65 ans, seuls 24 pourcent du montant reçu sont soumis à l’impôt sur le revenu.
Ce n’est pas un détail : cela rend les rentes viagères fiscalement attractives même dans les cantons à forte imposition.
Pourquoi deux assureurs ne vous donneront jamais le même montant
Même si les grandes règles sont similaires, chaque compagnie utilise ses propres hypothèses. L’une peut appliquer un taux technique plus prudent. L’autre peut utiliser des tables légèrement différentes. Un troisième facturera des frais internes plus élevés ou offrira des options par défaut.
C’est exactement comme si vous demandiez deux devis à deux artisans : ils utilisent les mêmes matériaux, mais pas exactement de la même façon.
Résultat : pour un même capital et le même âge, les rentes proposées peuvent varier de plusieurs centaines de francs par mois. D’où l’importance de faire plusieurs demandes.
Comment est calculée une rente viagère ?
Voici des exemples chiffrés pour 2026 : combien allez-vous toucher vraiment ?
Ces exemples sont réalistes et basés sur les pratiques actuelles du marché.
Exemple 1
Capital : 300 000 CHF
Âge : 65 ans
Rente simple, sans garantie
Rente mensuelle : 1 380 CHF
Part imposable : 24 pourcent
Montant soumis à l’impôt : 331 CHF / mois
Exemple 2
Capital : 300 000 CHF
Âge : 65 ans
Rente avec garantie 10 ans
Rente mensuelle : 1 250 CHF
Part imposable : 24 pourcent
Montant imposable : 300 CHF
Exemple 3
Capital : 300 000 CHF
Âge : 70 ans
Rente simple, sans garantie
Rente mensuelle : 1 550 CHF
Part imposable : 22 pourcent
Montant imposable : 341 CHF
On voit très clairement l’effet de l’âge : la rente est plus élevée car la durée prévue de versement est plus courte.
Exemple 4
Capital : 500 000 CHF
Âge : 65 ans
Rente réversible à 60 pourcent pour le conjoint
Rente mensuelle : 2 040 CHF
Part imposable : 24 pourcent
Imposable : 490 CHF / mois
Cette option protège le conjoint, mais elle diminue la rente initiale.
Ce qui change la rente : les leviers que vous contrôlez
Certains éléments sont imposés (votre âge, l’espérance de vie du marché), mais d’autres sont totalement sous votre contrôle.
Le choix des garanties
Une réversion ou une garantie 10 ans, c’est une sécurité précieuse, mais cela réduit votre rente.
La vraie question devient alors : préférez-vous maximiser votre revenu ou protéger votre conjoint ?
L’âge de départ
C’est un choix crucial.
Si vous commencez à 65 ans, vous gagnez en durée de versement.
Si vous commencez à 70 ans, vous gagnez en montant.
Le capital investi
C’est peut-être le seul levier purement mathématique : plus le capital est élevé, plus la rente suit.
Avant de demander une offre : trois erreurs à éviter
Avec les années, on voit les mêmes erreurs revenir.
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Comparer deux rentes sans regarder les garanties incluses
Deux rentes identiques peuvent cacher des conditions très différentes.
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Penser que le montant imposable est le montant total
En 2025, la majorité de la rente n’est pas imposée.
C’est un avantage énorme de la rente viagère que beaucoup sous-estiment.
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Croire que toutes les compagnies appliquent les mêmes calculs
C’est faux.
Certaines rentes varient de 10 à 20 pourcent d’un assureur à l’autre.
Une rente viagère n’est pas un mystère, c’est un calcul logique
La rente viagère est souvent perçue comme obscure, presque intimidante.
Mais quand on prend le temps d’en comprendre les mécanismes, on réalise qu’elle repose sur des éléments simples : âge, capital, espérance de vie, taux technique, garanties.
Et si vous avez encore un doute, rappelez-vous cette scène que j’entends très souvent : un client reçoit deux offres, se demande pourquoi elles diffèrent, et finit par comprendre que la réponse tient dans une option, une hypothèse, un choix fait cinquante ans plus tôt par les actuaires.
La rente viagère est, au fond, un équilibre entre sécurité, prévisibilité et sérénité.
Et si vous avez besoin d’une estimation personnalisée ou d’un comparatif clair, vous pouvez demander une offre de rente viagère auprès d’un conseiller spécialisé : c’est gratuit, et surtout, cela vous permet de vous projeter avec une vraie vision chiffrée de votre futur revenu.
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