On imagine souvent que préparer sa retraite revient à remplir des cases dans un tableau Excel. Pourtant, dans la réalité, ces décisions se prennent rarement devant un logiciel. Elles se prennent au fil des discussions, des événements de la vie, des souvenirs qui reviennent et parfois même des inquiétudes qu’on n’ose pas toujours formuler. Alors, rente viagère ou 3e pilier ? Nous allons répondre à cette question ?

Le choix entre une rente viagère ou 3e pilier n’échappe pas à cette règle.

Il ne s’agit pas seulement d’opposer la sécurité à la flexibilité ou le capital à la mensualité. Il s’agit surtout de comprendre comment chacun envisage sa fin de carrière, puis les années qui suivent : avec quels projets, quels besoins, quelles peurs, quelles responsabilités.

Il suffit parfois de repenser à un parent qui a connu des fins de mois difficiles, ou à un ami qui a découvert trop tard que sa retraite ne suffirait pas. Ce sont ces histoires-là, petites ou grandes, qui façonnent notre manière de voir la retraite.

 

L’histoire de Michel : quand la stabilité devient un refuge

Michel a 62 ans. Il parle de sa retraite comme on parle d’une étape qu’on n’a pas vraiment vue arriver. Il raconte que, durant la crise financière de 2008, il consultait son compte épargne plusieurs fois par semaine. Chaque chute du marché lui donnait la sensation de perdre un peu de son futur.

« J’ai mis trente ans à mettre cet argent de côté. Je ne veux plus que des graphiques décident de ce que je pourrai faire demain », confie-t-il.

Alors, le jour où son conseiller lui a expliqué la rente viagère, il a senti que quelque chose se calmait en lui. L’idée de recevoir un montant identique, chaque mois, quoi qu’il arrive, avait quelque chose de rassurant. Pour lui, ce n’était pas une décision financière. C’était un choix presque émotionnel : celui de ne plus laisser l’incertitude dicter son humeur.

La rente viagère, pour Michel, c’est la promesse que les dernières années seront plus simples que les précédentes.

 

Claire et Thomas : l’importance de garder une porte ouverte

À l’inverse, Claire et Thomas incarnent une autre approche. Ils ont la cinquantaine, deux adolescents encore à la maison, et une vie qui ne manque pas de projets. Ils ne savent pas encore où ils habiteront une fois les enfants partis, mais ils parlent souvent d’un chalet en montagne ou d’un long voyage qu’ils rêveraient de faire « quand le rythme ralentira enfin ».

« On préfère garder une marge de manœuvre », explique Claire.

Le mot est simple, mais il dit tout.

Eux, ce qu’ils redoutent, c’est de se retrouver face à un imprévu : aider un enfant, financer une transition professionnelle tardive, gérer un souci de santé,  sans pouvoir puiser dans leur épargne. C’est ce besoin de liberté qui les a naturellement orientés vers le 3e pilier.

Ils savent que les rendements peuvent fluctuer. Ils savent aussi que certains contrats demandent de la vigilance. Mais pour eux, la possibilité de toucher à leur capital si la vie l’exige vaut largement cette incertitude.

Lire aussi : Rente viagère pour les couples

 

Trois autres histoires, très courtes, mais révélatrices

1. Jean, 68 ans, veuf depuis peu

Jean avait choisi une rente viagère avec réversion, « au cas où ». Il n’aimait pas parler de la mort, mais il avait voulu s’assurer que sa femme serait couverte.

Elle l’a été.

Pour lui, ce choix avait été un acte de protection plus qu’un calcul.

 

2. Alicia, 45 ans, indépendante

Elle opte pour un 3e pilier lié aux marchés. Elle sait que c’est plus risqué, mais elle n’a pas d’employeur pour compléter sa prévoyance. C’est un pari sur le long terme, mais elle se dit que le temps joue en sa faveur.

 

3. Marc, 58 ans, inquiet pour la transmission

Marc veut absolument transmettre quelque chose à ses enfants. Pour lui, bloquer son capital dans une rente est inconcevable. Le fait de conserver l’épargne du 3e pilier l’a convaincu.

Ces trois portraits montrent une chose simple : on ne choisit pas une solution retraite, on choisit une façon de vivre sa retraite.

 

Rente viagère ou 3e pilier ?Les avantages de chaque option, racontés autrement

On pourrait vous résumer la rente viagère et le 3e pilier en trois lignes chacun.

Mais cela ne vous aiderait pas vraiment.

Alors voici une version plus proche de la réalité.

 

🌿 Ce que la rente viagère apporte vraiment

  • Un montant régulier, quoi qu’il arrive.

  • La possibilité de se déconnecter des marchés.

  • Moins de gestion, moins de décisions à prendre.

  • Des options pour protéger un conjoint (réversion) ou garantir une partie du capital sur quelques années.

La rente viagère, c’est un peu comme décider que les turbulences, ce sera pour d’autres.

 

🔧 Ce que le 3e pilier permet réellement

  • Profiter des économies d’impôts chaque année.

  • Garder la main sur son capital.

  • Investir sur les marchés, avec un potentiel de rendement supérieur à long terme.

  • Transmettre un patrimoine.

  • Adapter ses cotisations selon les périodes de la vie.

Le 3e pilier, c’est l’outil de celles et ceux qui veulent rester maîtres de leur trajectoire.

 

Une scène que vivent de nombreux couples

Beaucoup de conseillers racontent la même histoire.

Un couple arrive pour préparer la retraite.

Chacun pense que l’autre sera d’accord avec lui.

Puis la conversation se précise :

  • L’un veut la sécurité absolue → rente viagère.

  • L’autre veut conserver les économies → 3e pilier.

Ce moment, souvent inattendu, révèle la complexité de ce choix.

Ce n’est pas un désaccord financier : c’est un décalage dans les attentes, forgé par deux histoires différentes.

 

Les inconvénients, présentés avec sincérité

Aucune solution n’est parfaite. Et c’est normal.

 

Rente viagère :

  • Le capital n’est plus accessible.

  • La transmission est limitée.

  • En cas de décès prématuré, on peut avoir l’impression de “perdre” son épargne (sauf options spécifiques).

3e pilier :

  • Rendements parfois imprévisibles.

  • Frais à analyser attentivement.

  • Nécessite un minimum de suivi.

Ce sont des compromis, pas des pièges.

 

Comment décider, concrètement ?

1. De quoi avez-vous besoin pour vous sentir en sécurité ?

Cette question paraît simple, mais elle change complètement la direction du choix.

Pour certains, la sécurité passe par un revenu fixe : ils veulent savoir exactement ce qu’ils recevront chaque mois.

Pour d’autres, la sécurité, c’est savoir qu’ils peuvent puiser dans leur capital si la vie les surprend.

 

Exemple concret :

  • Marie, 63 ans, n’a jamais vraiment investi en bourse. L’idée même de voir son épargne fluctuer la rend nerveuse. Pour elle, la sécurité = stabilité. Elle a donc opté pour une rente viagère, car elle voulait “ne plus s’en soucier”.

  • À l’inverse, Lucas, 52 ans, est habitué à gérer ses finances et accepte l’idée que tout ne soit pas parfaitement prévisible. Pour lui, sécurité = liberté d’action. Le 3e pilier lui semble plus rassurant, car il garde la possibilité d’ajuster ses projets.

 

Notre conseil : Demandez-vous ce qui vous rassure le plus : “Savoir combien je reçois chaque mois” ou “Savoir que je peux utiliser mon argent à tout moment”. La réponse oriente 70 % du choix.

 

2. La transmission est-elle importante pour vous ?

C’est un point que beaucoup n’osent pas aborder, mais il est essentiel.

Si transmettre un capital aux enfants ou aux proches est important pour vous :

→ Le 3e pilier garde un avantage majeur : le capital reste à vous, et il est transmis à vos héritiers selon des règles généralement simples.

 

Si ce n’est pas une priorité :

→ La rente viagère peut être plus cohérente : elle transforme votre capital en un revenu garanti, sans vous soucier de l’après.

 

Exemple concret :

  • Marc, 58 ans, a deux enfants qu’il souhaite aider plus tard pour l’achat d’un logement. Bloquer son capital dans une rente lui semblait contradictoire avec son envie de transmission.

    Le 3e pilier est devenu une évidence.

  • Sophie, 66 ans, n’a pas d’enfants et souhaite surtout que ses dépenses soient couvertes à vie. La transmission ne faisait pas partie de ses priorités : elle a donc choisi une rente viagère.

 

Notre conseil : Notez une phrase : “À ma disparition, qu’est-ce que je souhaite qu’il arrive à mon capital ?” La réponse compte énormément.

 

3. Quelle part d’incertitude êtes-vous prêt à accepter ?

C’est ici que se joue une grande partie de la décision.

Rente viagère :

→ Incertitude faible

→ Rendement stable mais limité

→ Capital non récupérable

 

3e pilier :

→ Incertitude variable (selon le type : assurance, comptes liés aux marchés, etc.)

→ Rendement potentiellement supérieur

→ Valeur fluctuante

 

Exemple concret :

Si vous placez dans un 3e pilier lié aux marchés et que la bourse baisse l’année de votre retraite, votre capital peut être inférieur à ce que vous espériez.

À l’inverse, si vous optez pour la rente viagère, vous renoncez au potentiel d’un bon rendement, mais vous gagnez une stabilité absolue.

 

Notre conseil : Demandez-vous : “Si l’année où je pars à la retraite, mon capital perd 10 %, comment je réagirais ?” La réponse n’est jamais théorique : elle révèle votre rapport réel au risque.

 

4. Avez-vous d’autres sources de revenus garantis ? (AVS, 2e pilier, immobilier…)

Ce point est souvent sous-estimé, alors qu’il influence énormément le choix.

Si vos revenus garantis couvrent déjà vos dépenses essentielles :

→ Vous pouvez vous permettre d’investir dans un 3e pilier avec un potentiel de croissance.

Vous avez le “filet de sécurité” suffisant pour prendre un peu de risque.

 

Si vos revenus garantis sont faibles :

→ La rente viagère peut devenir une base stable indispensable.

 

Exemple concret :

  • Clément, retraite modeste + petit 2e pilier → il choisit la rente viagère pour compléter chaque mois un revenu régulier.

  • Isabelle, bonne rente LPP (2e pilier) + appartement déjà payé → elle privilégie un 3e pilier pour conserver une marge de manœuvre et profiter d’un meilleur rendement.

 

Notre conseil faites la liste de vos revenus garantis à la retraite. Demandez-vous si cela suffit à couvrir :

  • logement

  • nourriture

  • assurance maladie

  • dépenses courantes

Si oui → flexibilité possible

Si non → priorité à la stabilité

 

5. Avez-vous besoin de flexibilité pour les années à venir ?

Souvent, les futures retraités sous-estiment les imprévus à long terme.

 

Le 3e pilier peut servir :

  • à financer un déménagement,

  • à aider un enfant,

  • à couvrir un imprévu médical,

  • à adapter son logement,

  • ou simplement à compléter ses revenus ponctuellement.

La rente viagère, une fois choisie, ne vous laisse plus cette possibilité.

 

Exemple concret :

Un couple qui souhaite acheter un petit appartement au soleil pourrait avoir besoin d’un capital disponible.

À l’inverse, une personne seule, sans projets nécessitant un gros montant, préférera une rente.

 

Notre conseil : Projetez-vous dans les 10 prochaines années : Voyage ? Projet immobilier ? Enfants qui pourraient avoir besoin d’aide ? Si la réponse est oui → gardez du capital accessible.

 

6. À combien d’années êtes-vous de la retraite ?

L’horizon temporel change tout.

 

Si vous êtes encore loin de la retraite

→ Le 3e pilier (surtout lié aux marchés) peut profiter pleinement de la croissance à long terme.

Vous avez du temps pour absorber les fluctuations.

 

Si vous êtes proche de la retraite

→ La rente viagère devient une option intéressante : elle fixe un revenu et évite un retournement du marché au pire moment.

 

Exemple concret :

  • Nina, 42 ans, a encore 20 ans devant elle → elle investit dans un 3e pilier lié aux marchés pour maximiser les rendements.

  • Patrick, 63 ans, veut sécuriser son revenu car il compte partir bientôt → il préfère commencer à convertir une partie de son capital en rente.

Notre conseil : plus vous êtes proche de la retraite, plus la sécurité prend le dessus sur le rendement.

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